Résumés des conférences publiques en 2022
- 4 janvier 2022 : Guilaine Lagache (astronome au Laboratoire d'astrophysique de Marseille)
- « Éclairage sur la fin des âges sombres et l'époque de réionisation »
- Dans l'histoire de l'Univers, une période charnière intrigue notre communauté. C'est la réionisation, qui marque la fin des âges sombres et la renaissance cosmique. Elle correspond à une période ancienne de l'histoire de l'Univers où le rayonnement des premières étoiles et des premiers quasars a commencé à ioniser de façon importante les atomes neutres s'étant formés à la recombinaison 380 000 ans environ après le Big Bang.
Nous verrons ce qu'est la réionisation et comment percer ses mystères. Depuis quelques années et avec les nouveaux moyens d'observation à venir, l'époque de réionisation devrait enfin livrer ses secrets. - 18 janvier 2022 : Marie-Christine Maurel (professeure de biologie cellulaire et moléculaire à Sorbonne Université, « Carte blanche à... » proposée par Jean Audouze)
- « Origines de la vie et xénobiologie »
- Se poser la question des origines et de l'évolution de la vie est une préoccupation très actuelle. Ces sujets connaissent aujourd'hui une crise majeure. Différentes disciplines scientifiques sont convoquées pour chercher à les surmonter.
Marie-Christine Maurel est l'auteure de nombreux ouvrages dont « Les origines de la vie » et « Xénologie : vers d'autres vies ». Par ailleurs elle est rédactrice en chef de « Arts et Sciences » (Openscience-Arts et Sciences). - 1er février 2022 : Brice Ménard (professeur au département de physique et d'astronomie de l'université Johns Hopkins, États-Unis, et à l'École Normale de Paris)
- « Astrophysique et intelligence artificielle »
- L'intelligence artificielle semble arriver dans tous les aspects de notre société. Dans de nombreux domaines ses performances surpassent maintenant celles des humains. Quel est le principe derrière cette nouvelle technologie ? Va-t-elle révolutionner la recherche scientifique et notre compréhension de l'Univers ?
- 15 février 2022 : Pierre Rosanvallon (historien et sociologue, « Carte blanche à... » proposée par l'Union Rationaliste)
- « Démocratie, science et décisions politiques »
- Je partirai des épreuves de la vie auxquelles les Français se trouvent communément confrontés au quotidien. Ces épreuves englobent le mépris, l'injustice, les discriminations et l'incertitude et elles permettent d'appréhender autrement la désaffection contemporaine pour la vie politique. Une autre manière de réagir aux évènements se fait jour. Produire du commun nécessite de redéfinir le renouvellement et l'approfondissement de la vie démocratique dans toutes ses facettes y compris dans la manière dont la science est perçue en particulier lorsque ses applications structurent durablement notre quotidien.
Pierre Rosanvallon occupait jusqu'à 2018 la chaire d'histoire moderne et contemporaine du politique au Collège de France tout en demeurant directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences sociales (EHESS). Ses travaux portent principalement sur l'histoire de la démocratie et du modèle politique français, et sur le rôle de l'État et la question de la justice sociale dans les sociétés contemporaines. - 1er mars 2022 : Henry Joy McCracken (astronome à l'IAP)
- « Dans "la nuit des temps" : dévoiler les plus grandes structures de l'Univers primitif avec les télescopes spatiaux James Webb et Euclid »
- Au cours des dernières décennies, l'analyse des « champs profonds » successifs nous a donné un aperçu fascinant de l'Univers lointain. Cependant, la plupart de ces champs profonds ne couvrent au mieux que quelques dizaines de minutes d'angle carré et ne fournissent donc qu'une image partielle de l'Univers lointain. En particulier, ils sont incapables de révéler les structures les plus primitives ou de sonder la relation entre la matière sombre et la matière lumineuse au début de l'Univers, ce qui est essentiel pour comprendre la formation des galaxies ou la croissance des structures. Avec le lancement du télescope spatial JWST et, en 2023, d'Euclid, nous aurons pour la première fois une nouvelle fenêtre sur les galaxies de l'Univers primitif. Dans mon exposé, je passerai en revue les derniers résultats sur les structures de l'Univers primitif telles qu'elles ont été vues par le projet COSMOS, un prélude aux nouveaux résultats que le JWST et Euclid apporteront.
- 15 mars 2022 : Nathalie Delbard (professeure en Arts plastiques à l'Université de Lille, chercheuse au sein du CEAC et critique d'art, « Carte blanche à... » proposée par Jean Audouze)
- « Oculométrie et perception des images : nouveaux enjeux esthétiques »
- Cette conférence porte le titre d'un programme de recherche mené en 2015-2016 avec Dork Zabunyan et Laurent Sparrow à l'Université de Lille et au sein de la plateforme de recherche IrDIVE (Plaine Image de Tourcoing), ayant pour objet l'étude d'œuvres picturales, photographiques et cinématographiques par le biais des techniques oculométriques, devant écran ou dans un contexte d'exposition. Projet collectif et pluridisciplinaire rassemblant des artistes, des historiens de l'art, des philosophes et des psychologues spécialistes des neurosciences et de l'attention visuelle, il a permis de mobiliser l'oculométrie comme un outil à double visée, permettant d'une part d'examiner à nouveaux frais certaines productions visuelles et de penser leur rapport aux méthodes d'analyse de l'histoire de l'art, et d'autre part d'interroger les usages, les résultats et les limites de l'« eye-tracking » par le prisme des œuvres. À l'occasion de cette séance, il s'agira de rendre compte des questions, des contradictions et des pistes de recherche fécondes qu'un tel dialogue entre oculométrie et arts visuels a permis de mettre au jour.
Nathalie Delbard est professeure en Arts plastiques à l'Université de Lille, critique d'art et directrice du CEAC/Centre d'étude des arts contemporains. Ses recherches dans le champ de la photographie contemporaine l'ont notamment conduite à consacrer un ouvrage et plusieurs essais à l'œuvre de Jean-Luc Moulène, dont elle poursuit actuellement l'étude (une Monographie photographique 1972-2022 est en préparation). Menant parallèlement des recherches sur les conditions de perception des images et les qualités singulières de l'attention visuelle, elle a récemment publié un essai portant sur le regard divergent de certains portraits peints (Le Strabisme du tableau, De L'Incidence Éditeur, 2019) et a co-dirigé avec Emmanuelle André un ouvrage collectif autour de la distraction qui paraîtra prochainement (L'œil distrait. Figures et contextes de la dispersion du regard, Presses Universitaires du Septentrion, 2022). - 5 avril 2022 : Rosine Lallement (astrophysicienne au laboratoire GEPI - Observatoire de Paris-PSL)
- « Le milieu interstellaire de la Voie lactée : l'apport de Gaia »
- L'exceptionnelle mission Gaia a des retombées dans de nombreux domaines. L'une d'elles est la cartographie des nuages interstellaires dans notre galaxie. Pour chaque étoile, en combinant sa distance, sa brillance et sa couleur, il est possible de mesurer les effets de rougissement et d'extinction qu'ont eu sur la lumière émise par l'étoile l'ensemble des grains de poussières rencontrés sur son trajet entre elle et le Soleil. Ces poussières étant étroitement associées aux nuages de gaz présents entre les étoiles, la synthèse de ces informations, obtenues sur un très grand nombre d'étoiles, permet de reconstruire la distribution en trois dimensions de ces nuages interstellaires de gaz et de poussières. Simultanément, cela permet d'identifier les « bulles » vidées de leurs grains par les vents et explosions d'étoiles massives. Je décrirai les différentes techniques tomographiques utilisées pour ces reconstitutions et comment Gaia nous ouvre les yeux en faisant apparaître avec une netteté croissante l'environnement du Soleil, et l'extension progressive aux régions plus lointaines. Je mentionnerai les perspectives liées aux futures mesures et aux travaux en cours.
- 19 avril 2022 : Jean-François Delfraissy (médecin et professeur de médecine, « Carte blanche à... » proposée par l'Union Rationaliste)
- « Science, politique et société : l'exemple de la Covid-19 »
- La science, en particulier la médecine, a dû faire face au Covid 19 dont le mode d'action était complètement inconnu. Le monde scientifique a réussi toutefois à proposer un vaccin dans un laps de temps particulièrement rapide, en moins d'un an. Trop rapide aux yeux de certains. Expliquer, convaincre, s'ajuster en fonction des mutations permanentes d'un virus, avouer ses doutes tout en devant rassurer relève d'une gageure qu'il fallait relever coûte que coûte. Il en va de la cohésion d'une société tout entière, de la crédibilité de l'action politique et de la parole de l'expert. L'exemple de la Covid 19 est un cas d'école qui continue à nourrir nos actions et nos réflexions.
Jean-François Delfraissy est président du Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé et président du conseil scientifique Covid-19 qui conseille le gouvernement dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. Spécialiste en immunologie, il fut directeur de l'ANRS Maladies infectieuses et émergentes de 1999 à 2017. - 3 mai 2022 : Florent Deleflie (astronome à l'Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides (Observatoire de Paris-PSL)
- « Débris spatiaux : une histoire des collisions en orbite »
- L'analyse de l'évolution du nombre d'objets en orbite autour de la Terre depuis 1957, année de lancement du premier Sputnik, montre que quelques événements catastrophiques ont ponctué l'histoire de la conquête spatiale. Qu'ils correspondent à des collisions ou des explosions, intentionnelles ou non, ces événements sont responsables d'une très grande partie de la population des débris spatiaux. Aujourd'hui, en 2022, plusieurs dizaines de milliers d'objets en orbite autour de la Terre sont régulièrement observés, suivis, catalogués. Ils sont placés à différents types d'altitudes entre les orbites basses et l'orbite géostationnaire.
Cette conférence me fera aborder l'histoire de cette évolution, en insistant sur certains événements particulièrement riches d'enseignements pour le futur de l'activité spatiale : les questions liées aux contraintes sur les opérations des satellites, ou à la suprématie affichée de certains opérateurs, jouent bien souvent un rôle dans ces analyses. Je mentionnerai également le point de vue des astronomes, qu'ils soient amateurs, professionnels ou simples curieux du ciel, sur les nouvelles formes de pollution qui vont inévitablement impacter fortement le futur de l'activité spatiale autour de la Terre. Les futures collisions ne sont qu'une menace parmi d'autres... - 24 mai 2022 : Stéphane Lemaire (CSO & Co-Fondateur BIOMEMORY, Directeur de recherche CNRS, « Carte blanche... » proposée par François Bouchet)
- « DNA DRIVE : une nouvelle technologie de stockage numérique durable »
- Le stockage des données numériques est un défi majeur dans nos sociétés modernes. Les supports numériques actuels stockés dans des data centers sont fragiles, encombrants et énergivores. La transformation numérique en cours de nos sociétés nécessite un bouleversement majeur de nos technologies de stockage numérique. Le stockage de données sur ADN est une technologie émergente qui présente l'avantage d'être stable pendant des milliers d'années, extrêmement compacte et économe en énergie. Nous développons des concepts innovants de stockage de données sur ADN basés sur la domestication de systèmes biologiques. Notre technologie, baptisée DNA DRIVE, et sa preuve de concept seront présentées.
Stéphane Lemaire est directeur de recherche CNRS au Laboratoire de biologie computationnelle et quantitative, Institut de Biologie Paris Seine du CNRS et de l'Université de la Sorbonne, ainsi que directeur scientifique et co-fondateur de BIOMEMORY, une start-up développant des technologies de stockage de données ADN. Formé comme généticien et biochimiste moléculaire, c'est un expert en biologie synthétique, photosynthèse et microalgues. - 7 juin 2022 : Alain Riazuelo (astrophysicien à l'IAP)
- « Pourquoi la Terre est ronde ? Récit d'une aventure scientifique longue de 2500 ans »
- La forme de la Terre est un des premiers faits scientifiques établis par la seule force du raisonnement. C'est donc un des actes fondateurs de la pensée scientifique ; les questions qui en ont découlé par la suite, de la raison physique qui justifie sa forme à la place de la Terre dans l'Univers, ont souvent été à l'avant-garde de l'évolution de la science.
Dans cette conférence, je donnerai un aperçu de quelques-unes des étapes marquantes de cette grande aventure intellectuelle, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours, en passant par la Renaissance et la Révolution française. - 21 juin 2022 : Jean-Marc Lévy-Leblond (physicien, essayiste, épistémologue, professeur émérite de l'université de Nice, « Carte blanche à... proposée par l'Union Rationaliste)
- « Dieu : les preuves à l'épreuve »
- Spéculant sur la cosmologie moderne, un livre récent ravive le vieux débat sur la possibilité de démontrer scientifiquement l'existence de Dieu. En remontant d'abord aux meilleures sources, de Saint Thomas à Spinoza, puis en discutant l'interprétation des théories astrophysiques actuelles, on montrera la naïveté épistémologique, la méconnaissance historique, l'inculture philosophique et théologique de tels arguments. Et l'on avancera que la stratégie discursive la plus efficace dans ce genre de polémique pourrait utilement, par-delà la raison scientifique, faire appel à la fiction littéraire.
Jean-Marc Lévy-Leblond est un physicien et essayiste français, est professeur émérite de l'université de Nice où il a enseigné dans les départements de physique, de philosophie et de communication. Il fut directeur de programme au Collège international de philosophie de 2001 à 2007. Il a fondé et dirige la revue Alliage (culture, science, technique), dirige les collections Science ouverte et Points (série sciences) au Seuil, et travaille plus généralement à « (re)mettre la science en culture ». - 6 septembre 2022 : Nicole Vilmer (astrophysicienne au LESIA - Observatoire de Paris-PSL/CNRS/Sorbonne Université/Université Paris Diderot)
- « Et si on se rapprochait du Soleil ? »
- Le Soleil est l'étoile la plus proche de la Terre, sans doute la plus observée et ceci depuis plusieurs siècles. Pourtant, certains aspects de son comportement sont encore mal compris et demeurent l'objet de recherches très actives pour les physiciens solaires.
Deux missions spatiales (l'une européenne et l'autre américaine) ont été lancées récemment vers le Soleil pour résoudre des questions fondamentales sur le fonctionnement de notre étoile et l'impact de son activité magnétique sur l'héliosphère (« zone d'influence du soleil »). L'une de ces sondes « Solar Orbiter » est la première mission en opération du programme Cosmic Vision de l'ESA. Lancée de Cap Canaveral en février 2020, Solar Orbiter a ensuite effectué un périple de 21 mois et de près de deux milliards de km pour revenir vers la Terre le 27 novembre 2021 et y subir une importante assistance gravitationnelle avant de débuter la phase nominale de sa mission avec un premier passage à 0.3 unité astronomique (1/3 de la distance Soleil-Terre) fin mars 2022.
Je présenterai dans cette conférence les objectifs scientifiques de cette mission phare de la communauté de physique solaire et de l'héliosphère interne, les instruments (10) à bord de cette mission dont le but est de combiner des observations de type astronomique (télédétection) à des mesures de paramètres du milieu in-situ. De nombreux résultats ont déjà été obtenus pendant la phase de croisière et les premières observations obtenues lors du premier périhélie viennent de faire l'objet d'un communiqué de presse de l'ESA. Je ferai une synthèse des résultats les plus marquants et présenterai les observations qui sont prévues dans les années qui viennent, en conjonction avec les autres observatoires terrestres et spatiaux étudiant le Soleil et l'héliosphère. - 20 septembre 2022 : Denis Laming (architecte et urbaniste international, « Carte blanche à... » proposée par Jean Audouze)
- « La ville du futur »
- Le concept de ville n'a rien d'évident : en effet, la ville n'est apparue que vers 10000 ans avant J.C., ce qui a marqué le début de la sédentarisation. Dit autrement, l'Homme n'a connu la ville que très tardivement. Et pour comprendre la ville et imaginer la ville du futur, que ce soit sur terre ou sur une autre planète, il faut essayer de comprendre comment elle est née. C'est donc le propos de cet exposé : avant la ville, il y avait le chemin, ou plutôt les chemins qui convergeaient vers un lieu d'échange et de partage, souvent un lieu rituel. C'est une lecture « en creux » de ce qui plus tard deviendra la ville. Et de simple juxtaposition d'éléments semblables, elle deviendra un organisme de plus en plus complexe, qui, suivant le principe de l'entropie, parfois s'effondrera et disparaitra. Ce sont ces histoires étonnantes que l'on se propose de décrypter et d'interpréter et qui permettront d'envisager une ville rêvée.
Denis Laming conçoit et réalise de grands ensembles en France et à l'étranger. En France, il est le concepteur du Futuroscope et de la technopole qui l'entoure (Institut international de la prospective, téléport, Faculté des sciences, Palais des congrès, CNED, gare TGV...). Il réalisa également l'Institut des Sciences de Vendée ou encore l'Institut catholique d'études supérieures de La Roche-sur-Yon. À l'étranger, on lui doit le Musée scientifique de Seattle, le Musée des sciences de Thessalonique, la gare maritime de Shen Zhen, son centre culturel, le musée de l'urbanisme de Wuhan. Il établit les plans d'urbanisme de Wuhan, Chengdu, Ningbo et Pékin, ville nouvelle. Il est l'initiateur du mouvement « néo futuriste » en architecture. - 4 octobre 2022 : Clotilde Laigle (astrophysicienne à l'IAP)
- « Relier les points de la toile cosmique : pourquoi le milieu entre les galaxies est probablement essentiel pour comprendre leur évolution »
- Nous sommes maintenant capables de collecter des données d'une exquise précision pour des millions et bientôt des milliards de galaxies, cependant de nombreuses zones d'ombres demeurent sur leur évolution. Nos meilleurs modèles théoriques peinent à reproduire systématiquement la variété de leurs propriétés.
Alors, prenons un peu de recul. À très grande échelle, les galaxies sont réparties le long d'une gigantesque structure filamentaire, la toile cosmique, qui constitue l'environnement naturel dans lequel elles se forment et évoluent. Bien qu'il soit plus difficilement observable, le gaz (qui est aussi le carburant nécessaire à la formation stellaire au sein des galaxies !) est distribué le long de ces filaments cosmiques. Dans cet exposé, je discuterai des interactions complexes et multi-échelles entre les galaxies et leur environnement, et nous envisagerons ensemble le lien entre les propriétés du gaz dans ce grand réservoir qu'est le milieu intergalactique et l'assemblage de la masse au sein des galaxies. J'expliquerai aussi les techniques utilisées par les chercheurs pour cartographier la toile cosmique et présenterai certaines des missions à venir (en particulier WEAVE-QSO). - 18 octobre 2022 : Stéphanie Ruphy (ENS, professeur des universités, philosophe des sciences, « Carte blanche à... » proposée par l'Union rationaliste)
- « Maintenir la confiance : quels nouveaux enjeux pour le monde de la recherche ? »
- À quelles conditions peut-on espérer maintenir ou renforcer la confiance envers l'expertise scientifique dans nos démocraties contemporaines ? Cette question de la confiance est plus que jamais centrale, à l'heure où l'expertise scientifique est au cour de nombre de décisions politiques qui façonnent nos vies. Mon hypothèse de travail dans cette conférence sera que les leviers d'action traditionnellement identifiés, comme le développement de la culture scientifique, sont aujourd'hui insuffisants. À la lumière d'évolutions de nos rapports à la connaissance et à la décision, j'envisagerai d'autres leviers d'action, complémentaires, comme le développement de la capacité d'expertise sur l'expertise ou encore une plus grande ouverture aux citoyens des processus mêmes de production de connaissances et d'expertise.
- 8 novembre 2022 : Michel Dennefeld (astrophysicien à l'IAP)
- « Les Nuages de Magellan : de la découverte à l'exploitation scientifique »
- Le 8 septembre 1522, c'est-à-dire exactement il y a 500 ans, débarquent à Séville les survivants de l'expédition de Magellan. Parmi eux, le chroniqueur Pigafetta, qui raconte avoir vu dans le ciel austral « plusieurs étoiles petites congrégées ensemble, qui sont en forme de deux nuées un peu séparées l'une de l'autre... et qui petitement se meuvent ». Ce sont les deux Nuages dits « de Magellan » ; mais qui les a découverts, et qui les a nommés ainsi ? et quel est leur intérêt aujourd'hui ? Pour tenter de répondre, nous suivrons l'exploration de l'hémisphère Sud jusqu'à aujourd'hui et détaillerons ce que nous savons de ces deux galaxies naines, voisines de la nôtre : leur proximité, leur faible masse et faible métallicité en font des objets uniques pour la compréhension de la formation et de l'évolution des galaxies.
- 15 novembre 2022 : Sébastien Maillard (directeur de l'Institut Jacques Delors, « Carte blanche à... » proposée par Jean Audouze)
- « L'Europe comme espace de recherche »
- Depuis 50 ans, l'Europe a développé une politique commune dans le domaine scientifique. Partageant les compétences en matière de recherche avec les États, l'Union européenne dispose aujourd'hui de programmes et institutions propres qui en font un acteur mondial de connaissances scientifiques, y compris dans le domaine spatial. Elle manque pourtant de chercheurs et d'infrastructures à même de créer un véritable espace européen de la recherche. Mais l'Europe représente aussi, en soi, un objet de recherche. L'originalité historique de son processus d'intégration en fait, selon l'expression de Jacques Delors, « un objet politique non identifié » qui reste à décrypter.
Après avoir débuté sa carrière comme journaliste à La Croix et enseigné les questions européennes à Sciences Po et à Boston College, Sébastien Maillard dirige depuis 2017 l'Institut Jacques Delors, qui analyse les enjeux européens et formule des idées opérationnelles pour faire avancer l'intégration européenne dans plusieurs secteurs-clés. Il est l'auteur de « Qu'avons-nous fait de l'Europe ? » (éd. Salvator, 2013) et, avec Enrico Letta, de « Faire l'Europe dans un monde de brutes » (Fayard, 2017). - 6 décembre 2022 : David Elbaz (astrophysicien au CEA Saclay, laboratoire « Cosmologie et évolution des galaxies »)
- « L'histoire de l'univers racontée par la lumière »
- En 1905, Albert Einstein découvre que l'énergie possède la faculté de s'égrener comme le sable d'un sablier. Il ne le sait pas encore, mais les découvertes des premières étoiles et galaxies, des nébuleuses et des systèmes planétaires, de nos plus puissants observatoires astronomiques jusqu'au télescope spatial James Webb incarnent un principe universel : si la matière s'organise, c'est grâce à ces grains d'énergie visibles et invisibles, les photons. Mundus est fabula, disait l'inventeur du Big Bang Georges Lemaître en reprenant Descartes, « le monde est une histoire » que chaque génération s'efforce d'améliorer. Nous sommes les descendants d'un univers sculpté par la lumière.
- 20 décembre 2022 : Sylvestre Huet (journaliste scientifique, « Carte blanche à... » proposée par l'Union rationaliste)
- « Climat : 30 ans pour rien ? »
- En 1992, tous les pays de la planète signaient la Convention Climat de l'ONU. Ils s'y engageaient à « préserver le système climatique pour les générations présentes et futures ». Le problème y était bien décrit :
« L'activité humaine a augmenté sensiblement les concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère (ce qui) renforce l'effet de serre naturel », « ce dont risquent de souffrir les écosystèmes naturels et l'humanité ».
Pourtant, trente années plus tard, les émissions de gaz à effet de serre mondiales ont suivi la pire des trajectoires envisagées à l'époque, pour atteindre près de 60 milliards de tonnes d'équivalent CO2 en 2019, avant l'éphémère repli provoqué par la crise sanitaire et ses restrictions d'activité et notamment de transports.
Pourquoi cette apparente contradiction entre ce traité international et les politiques suivies ?