HOMMAGE À NICK KAISER
Photographie de Nick Kaiser, à l’IAP en 2017.Crédit : Jean Mouette /IAP-CNRS-SU
C’est avec une grande tristesse que les membres de l’Institut d’astrophysique ont appris le décès le 15 juin de Nick Kaiser, un scientifique exceptionnel et un ami.
Ses contributions fondamentales au domaine de la cosmologie théorique ont eu un impact considérable sur l’étude des grandes structures de l’Univers, et le développement de la cosmologie observationnelle à ces échelles. Nick est d’abord à l’origine de l’idée de « biais » dans son article fondateur de 1984 expliquant la différence entre la distribution des amas de galaxies et celle de la matière noire. Il était le « K » dans « BBKS », l’un des articles les plus importants de la théorie des grandes structures, élucidant le lien entre la distribution initiale des pics de matière noire et celle des vitesses observées des galaxies. Son article de 1987 sur l’impact des distorsions dans l’espace des décalages vers le rouge sur la distribution observée des galaxies est aussi séminal.
Leur proposition avec Gordon Squires d’utiliser les distortions des images causées par l’effet de lentille gravitationnelle faible pour en déduire la distribution de matière sous-jacente est fondateur d’un domaine en pleine effervescence, avec le lancement imminent du satellite Euclid. Tous ces travaux ont jeté les bases de la théorie de la toile cosmique de l’Univers.
Les recherches de Nick Kaiser étaient guidées par un sens physique très profond. Il identifiait les aspects fondamentaux de phénomènes apparemment compliqués pour construire des modèles simples se concentrant sur l’essentiel. Pour celles et ceux qui l’ont connu personnellement ou rencontré, sa bienveillance, son enthousiasme sans bornes pour les discussions scientifiques, souvent provocantes mais toujours avec humour, resteront dans nos mémoires.
En poste à l’Institut d’Astronomie à l’Université d’Hawaï, il passa cinq mois à l’IAP en 2015, puis en 2017, il rejoignit le Laboratoire de Physique de l’Ecole Normale Supérieure comme professeur. Il contribua alors à organiser les séminaires ICAP (Initiative for Cosmology and AstroParticle Physics) à l’IAP. Durant les divers séminaires auxquels il assistait, ses interventions étaient éclairantes et stimulantes. Récemment, de nombreux collègues de l’IAP et d’ailleurs eurent le plaisir et le vif intérêt de l’écouter et d’interagir avec lui lors de l’atelier cosmicweb23 de janvier à mars 2023 au Kavli Institute for Theoretical Physics de l’Université de Californie à Santa Barbara (KITP).
Nombreuses sont les personnes à avoir apprécié ses vastes connaissances et sa vision perspicace de la cosmologie. Il laisse un grand vide.
Liens
Communiqué de l’Université d’Hawaii (en anglais) : « In memoriam: Pan-STARRS pioneer, trailblazing astronomer Nick Kaiser »
Blog « In the Dark » (en anglais) : « R.I.P. Nick Kaiser (1954-2023) »
Références
Article (en anglais) dans Astrophysical Journal : Kaiser, N., 1984, « On the spatial correlations of Abell clusters »
Article (en anglais) dans Astrophysical Journal : Bardeen, J. M., Bond, J. R., Kaiser, N., Szalay, A. S., 1986, « The statistics of peaks of gaussian random fields »
Article (en anglais) dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society : Kaiser, N., 1987, « Clustering in real space and in redshift space »
Article (en anglais) dans Astrophysical Journal : Kaiser, N., Squires, G., 1993, « Mapping the dark matter with weak gravitational lensing »
Rédaction web : Christophe Pichon, Valérie de Lapparent
Mise en page : Jean Mouette
Juin 2023