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La mission spatiale Euclid à la recherche de l'Univers sombre

L'Agence Spatiale Européenne (ESA) a officiellement adopté aujourd'hui la mission spatiale Euclid, le projet international qui réunit actuellement la plus grande collaboration d'astronomes et de physiciens au monde. Euclid a pour objectif d'étudier l'Univers "sombre" avec une extrême précision, en cartographiant la distribution et l'évolution des énigmatiques matière noire et énergie noire à travers l'Univers. L'adoption est la phase finale du processus de sélection de la mission Euclid qui fait désormais partie du Programme "Cosmic Vision" de l'ESA. Elle permet de mettre en ordre de marche une armée de physiciens et d'ingénieurs pour construire et faire voler cette nouvelle mission d'ici à la fin de la décennie.

"Nous y sommes !", commente Yannick Mellier de l'Institut d'astrophysique de Paris (IAP), le responsable du Consortium Euclid (EC) sélectionné par l'ESA. "L'ESA et le Consortium Euclid ont travaillé plus de cinq ans pour en arriver là et nous sommes désormais officiellement sélectionnés pour construire cette nouvelle et excitante mission spatiale." L'ESA a également aujourd'hui avalisé un Accord Multilatéral (MLA) entre treize agences spatiales européennes, la NASA et le Consortium Euclid, pour la construction des éléments clés du satellite Euclid, et plus particulièrement l'instrumentation embarquée, les logiciels d'analyse des données et la maîtrise d'œuvre du satellite.

"Nous avons constitué une équipe impressionnante" poursuit Yannick Mellier, "avec près de mille scientifiques impliqués dans notre collaboration à travers l'Europe et d'autres régions du monde. Nous avons des experts dans tous les domaines de l'astronomie, de la physique, et de la conception des satellites et des logiciels." "Le Consortium Euclid est la plus grande collaboration en astronomie jamais créée et comprend déjà plus de scientifiques que les projets Planck et GAIA réunis" souligne Olivier Le Fèvre, du Laboratoire d'Astrophysique de Marseille, un des représentants français au Comité de Direction du Consortium Euclid.

"La taille de cette équipe montre l'immense intérêt suscité par la science d'Euclid à travers l'Europe" commente Luigi Guzzo, un astronome de l'INAF et Observatoire Astronomique de Brera (Italie), et l'un des coordinateurs scientifiques d'Euclid, "Euclid s'attaque à des questions fondamentales de la physique, tout en produisant des données riches et diverses qui profiteront à tous les domaines de l'astronomie." "Pour détecter des signatures permettant de révéler la nature de l'énergie noire il faut un télescope comme Euclid et des instruments permettant de collecter un déluge d'images aussi bonnes que celles du satellite Hubble, et des millions des spectres dans le domaine infrarouge" explique Karim Benabed, chercheur à l'IAP et responsable d'un des groupes scientifiques de la mission.

Le Consortium Euclid fabriquera deux instruments pour l'ESA, un instrument pour l'imagerie dans le visible, VIS, et un autre pour l'imagerie et la spectroscopie dans le proche infrarouge, NISP. "Ces instruments très perfectionnés, équipés de caméras à grand champ, produiront une quantité de données de qualité exceptionnelle sur une grande partie du ciel. Cela nécessitera de mettre en œuvre des ressources informatiques particulièrement sophistiquées et dédiées à l'analyse de ces données" commente Henry McCracken, chercheur à l'IAP et responsable du traitement des données de l'instrument VIS. "Il s'agit de rechercher d'infimes et imperceptibles signatures de l'énergie noire, un signal incroyablement difficile à détecter, même si la quantité d'énergie noire dans l'Univers est énorme, puisqu'elle représenterait environ 75% de sa densité totale."

Le Segment Sol Scientifique (SGS), qui coordonne l'analyse de toutes les données Euclid, comprend des centaines de scientifiques en Europe. "Il nécessite un effort considérable pour son organisation et son intégration" nous apprend Catherine Grenet, organisatrice du segment sol de l'instrument VIS à l'IAP. "Euclid est autant un projet logiciel qu'un projet matériel" déclare Marc Sauvage du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) à Saclay et responsable du SGS. "C'est une expérience de haute-précision qui impliquera des calibrations et des mesures portant sur des milliards d'étoiles et de galaxies, un défi en soit." Pour y faire face, le CNES apporte un solide soutien à l'ensemble des participations françaises à Euclid. Il porte sur l'aide à la cellule d'appui au responsable scientifique de la mission, et sur d'importantes contributions aux instruments NISP et VIS ainsi qu'au SGS.

Euclid est maintenant une mission officielle de l'ESA et consolide la position du Consortium Euclid à l'avant-garde de la recherche mondiale de l'Univers "sombre".

Contact :
- Yannick Mellier (responsable du Consortium Euclid)
Institut d'Astrophysique de Paris-CNRS-UPMC
mellier à iap.fr
Tél. : +33 01 4432 8140

- Bob Nichol (responsable EC Communications)
ICG, University of Portsmouth, Portsmouth, UK
bob.nichol à port.ac.uk
Phone: +44 (0)23 9284 3117
Mobile: +44 (0)7963792049
Twitter: robertcnichol

Liens :
Le communiqué du CNRS
http://www2.cnrs.fr/presse/communique/2681.htm
Le communiqué de l'UPMC
http://www.upmc.fr/fr/recherche/actualites_de_la_recherche/en_direct_des_laboratoires/euclid.html
Le communiqué du CNES
http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/6115-communiques-de-presse.php?item=6309
Le site de l'ESA (en anglais)
http://www.esa.int/export/esaSC/SEMZS3BXH3H_index_0.html


Vue d'artiste du satellite Euclid, au point de Lagrange 2
Vue d'artiste du satellite Euclid, au point de Lagrange 2
Crédit : ESA - C. Carreau

Institut d'Astrophysique de Paris - 98 bis boulevard Arago - 75014 Paris