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Relaxation dynamique et planètes extrasolaires massives

Une partie des "planètes" extrasolaires, les plus massives, ne se forment peut-être pas dans un disque mais par fragmentation d'un nuage protostellaire.
 
Au cours de ces six dernières années, une cinquantaine de planètes géantes ont été découvertes autour d'étoiles semblables à notre Soleil. Ces planètes ont des masses comprises entre un dixième et une dizaine de masses de Jupiter. Leurs caractéristiques orbitales sont très différentes de celles des planètes de notre système solaire (voir le site http://exoplanets.org/ ou http://www.obspm.fr/encycl/encycl.html pour plus de détails). Certaines de ces planètes extrasolaires sont en effet très proches de leur étoile parente, leur rayon orbital pouvant être jusqu'à 100 fois plus petit que celui de Jupiter. De tels objets sont appelés des "Jupiters chaudes". Beaucoup de ces planètes ont, d'autre part, des excentricités très importantes. Des planètes n'ont été détectées, à ce jour, qu'autour de moins de 10% des étoiles observées. Il n'est donc pas encore possible de savoir quelle est l'importance statistique de ces systèmes aux propriétés surprenantes. Cependant, et même si des systèmes tels que notre système solaire représentent la règle plutôt que l'exception, toute théorie de formation des planètes doit pouvoir expliquer les objets jusqu'à présent observés.

Il est communément admis que les planètes géantes se forment dans un disque par accrétion de poussières pour former un coeur, puis par la capture d'une enveloppe de gaz massive autour de ce coeur. L'interaction entre la planète en formation et le gaz de la nébuleuse de laquelle elle est issue conduit alors à la migration de la planète vers les parties internes du disque et à une diminution d'une éventuelle excentricité. S'il est donc possible, dans ce contexte, d'expliquer la présence de planètes sur des orbites serrées, il est, en revanche, beaucoup plus difficile de rendre compte des larges excentricités observées dans certains cas.

C'est pourquoi John Papaloizou, du Queen Mary et Westfield College à Londres, et Caroline Terquem, de l'IAP, ont étudié un modèle selon lequel ces planètes se forment par fragmentation d'une enveloppe protostellaire, conduisant à un système dans lequel une étoile en formation se retrouve alors au centre d'une distribution de planètes sur des orbites inclinées. Les simulations numériques qu'ils ont faites de ces systèmes (voir figure) montrent que la relaxation dynamique résulte en l'expulsion de la plupart des planètes, et que, dans certains cas, une ou deux planètes se retrouvent sur des orbites plus serrées et excentriques. Un tel modèle peut donc expliquer les observations de planètes très massives sur des orbites excentriques. Il peut, de plus, expliquer les observations très récentes (voir par ex. l'image astronomique du jour, le 31 mars 2000, sur http://antwrp.gsfc.nasa.gov/apod/ap000331.html en anglais) d'objets dont la masse est comparable à celle des planètes extrasolaires et qui "flottent" librement dans les nébuleuses où se forment des étoiles. Ce modèle conduit également, dans certains cas, à la capture d'une planète par le potentiel de marée de l'étoile qui circularise alors son orbite, donnant lieu à une Jupiter chaude.

Ce modèle propose donc qu'une partie des "planètes" extrasolaires, les plus massives sans doute, ne se forment pas dans un disque mais par fragmentation d'un nuage protostellaire. De par leur mécanisme de formation, ces objets sont donc plus semblables aux étoiles de très faible masse (les naines brunes) qu'aux planètes. Ce modèle ne prétend cependant pas expliquer toutes les planètes extrasolaires. Certains de ces objets semblent en effet avoir des masses trop faibles (une fraction de la masse de Jupiter) pour être le produit de la fragmentation d'un nuage. Ce scénario, d'autre part, ne conduit pas non plus à un système de planètes en résonance, comme celui détecté récemment autour de Gliese 876 (http://exoplanets.org/esp/gj876/gj876.html).
 


 
 
Contacts
Caroline Terquem
terquem@iap.fr

John Papaloizou
(jcbp@maths.qmw.ac.uk).